Je me doute bien que vous n'allez pas forcément dessiner les plans de votre future bateau mais j'espère vous donner dans cette page les notions essentielles en architecture navale qui vous permettront de mieux comprendre les différentes formes de carène de bateau et qui pourront vous aider dans le choix de l'achat de tel ou tel type de bateau.

1- Un bateau performant doit flotter et bien glisser sur l'eau. Il faut donc qu'il soit léger et volumineux sans pour autant offrir trop de surface mouillée qui frottera sur l'eau et qui réduira donc sa vitesse.
Amusez-vous à faire le petit calcul de comparer la surface et le périmètre d'un carré, d'un triangle puis d'un cercle. Vous découvrirez que, pour une même surface mouillée, une coque ronde offre un plus grand volume de flottaison qu'une coque carré ou triangulaire. Voilà pourquoi, les coques de voilier sont rondes.
Les coques de bateau à moteur sont une sorte de triangle plus ou moins aplati car elles veulent planer et pas seulement glisser dans l'eau. Vous remarquerez que ces coques triangulaires tentent tout de même de s'inscrire au mieux dans un cercle afin d'essayer de garder le meilleur rapport volume de flottaison/surface mouillée.

2- Une coque de bateau à moteur rapide doit donc planer sur l'eau.
Pourquoi planer? Car cela permet à la coque de s’élever et de réduire encore plus sa surface mouillée afin de pouvoir aller plus vite. On parle aussi de coque en "V". En fait, la conception d'un plan de carène est une succession de compromis en fonction des objectifs souhaités. Si on souhaite bien passer dans les vagues sans taper, il faut donc un "V" plutôt profond mais cela fera un bateau qui plane moins facilement et qui nécessitera un moteur plus gros. A l'inverse, un "V" très aplati permet de planer avec une petite motorisation mais tapera dans les vagues. Donc, un bon compromis est un "V" progressif: Plutôt plat sur l'arrière du bateau et de plus en plus pointu vers le nez. On peut remarquer la même idée chez les voiliers avec une forme ronde évolutive: Un cul rond aplati et un nez pointu en "V".

3- Planer... Oui mais comment exactement?
Lorsque vous regardez la carène d'un voilier dans sa longueur. On voit le cul "remonter" vers la ligne de flottaison pour éviter de "trainer" de l'eau afin de glisser sans turbulence. Dés lors, même avec une motorisation surpuissante, ce voilier ne pourra jamais planer. Afin de planer, un bateau moteur rapide prend une option toute différente avec des lignes droites sur l'arrière qui lui permettra de planer mais qui trainera de l'eau et fera beaucoup de turbulences à petite vitesse. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre...
Maintenant, se dresse une autre question: Que doit-être la longueur de ces lignes droites par rapport à la longueur du bateau? Approximativement: La moitié. Pourquoi? Si les lignes droites arrières sont trop courtes, la surface de "pose sur l'eau" au planning est trop petite et le bateau passe son temps à voir son nez monter et descendre même par mer calme. Je vous laisse imaginer son comportement par mer agitée... Des grandes lignes droites lui éviteront le problème précédent mais il gardera trop le nez dans l'eau même au planning et n'optimisera pas son planning. De plus en plus de voiliers rapides optent pour des lignes arrières plutôt droites leur permettant de planer

4- Ensuite, il reste à régler la "hauteur" du bas du nez. Chez les voiliers, il est un peu sous l'eau afin d'avoir une meilleure tenue de cap à la remontée au vent mais aussi pour avoir une ligne de flottaison la plus longue possible. Vous allez me dire que cela augmente la surface mouillée et que cela réduit donc les performances de vitesse. Oui, mais... Les voiliers jouent sur un autre facteur qui s'appelle le nombre de Froud: Plus la partie immergée de la coque est longue, plus le bateau peut aller vite. Voilà pourquoi un cargo de 200m de long peut naviguer aussi vite qu'un petit "speed-boat" sans pour autant planer mais simplement en glissant dans l'eau.
Chez les petits "speed-boats", puisqu'on obtient la vitesse en planant, on a tout intérêt à relever le bas du nez en dehors de l'eau pour limiter la surface mouillée. Attention tout de même de ne pas trop le relever, cela ferait un bateau trop "banané" qui tanguera trop par mer agitée.

5- Après, il y un autre facteur incontournable qui est le poids avec cette règle de base: Plus un bateau est lourd, moins il sera performant. Il faut donc savoir construire solide et léger. Là, nous rentrons dans le domaine du choix et de la résistance des matériaux. Si on construit soi-même et qu'on ne compte pas les heures de travail, le contreplaqué et la résine époxy offre le meilleur rapport solidité/poids et solidité/coût.

Pan d'Optimus Bien évidement, ce n'est pas en 1 page que je peux tout vous dire sur l'architecture navale mais je vous ai donné l'essentiel. Pour plus d'infos, il existe de nombreux bouquins d'architecture navale de 300 ou 500 pages...
Si vous souhaitez jeter un œil à mes différents plans de bateaux, cliquez ici.
Sur la droite de l'écran, vous trouverez une photo de mon tout dernier plan de bateau que j'ai nommé "Optimus" car je pense avoir optimisé ses performances mais je n'ai pas encore eu l'occasion de le construire et de le tester...

Pour plus de questions, n'hésitez pas à me contacter par mail à: olivierdauxais#free.fr (Remplacez juste le "#" par "@").

Navalement vôtre.
H Olivier Dauxais